Cheval à problèmes

 

Qu’est-ce qu’un cheval difficile ?

Une vraie culture équestre ne consiste pas à connaître toutes les solutions à tous les problèmes mais à savoir les inventer au fur et à mesure qu’ils se présentent. Nous parlons ici des chevaux qui, ayant été en principe débourrés et dressés (en général assez mal), développent des résistances régulières — parfois sans raison apparente. Jusqu’à un certain seuil, tout va bien, au-delà ils ne supportent plus nos demandes et entrent en rébellion. Ils ont pris conscience qu’en agissant ainsi, ils imposent leur manière de voir et ont tendance à répéter systématiquement ces attitudes. Dans le cadre de notre équitation éthologique cela pose un problème qui ressemble assez bien à la quadrature du cercle : avec un cheval qui entre en opposition, comment agir pour apparaître comme un membre alpha (et donc imposer dominance et leadership) tout en refusant le conflit, axe de notre comportement ?

Pourquoi une telle attitude ?

Cas relativement fréquent : le souvenir traumatisant. Notre cheval associe alors notre demande ou notre présence à ce souvenir... et réagit en conséquence.

Cas habituel : le manque d’éducation. Une désensibilisation mal faite au débourrage laisse subsister de vieilles craintes ; un conditionnement insuffisant au dressage entraîne l’incompréhension. Deux causes courantes de conflit.

Le cas extrême des chevaux dits rétifs ou caractériels : une tension violente n'a pu s'évacuer dans le passé et se retrouve refoulée dans l'inconscient, provoquant des réactions d'opposition aussi inexplicables qu'imprévisibles.

L'hérédité. Le cheval manifeste un caractère irascible parce que son père ou sa mère étaient ainsi. Par ailleurs, un poulain copie ses comportements sur ceux de son entourage : à mère rebelle, cheval mauvais coucheur.

L'incompatibilité d’humeur. Le manque d’atomes crochus entre vous et votre cheval. Ce peut être la source de bien des déboires.

Déterminer l’origine d’un comportement d’opposition ou de fuite permet de mieux comprendre le problème mais diagnostiquer n’est pas guérir. Avant de passer à l’action essayons d’avoir une vue claire de la question.

 

 

 Rééducation du cheval difficile

Rééduquer un cheval difficile, c’est effacer d’anciens souvenirs pour les remplacer par d’autres. Il faut tout reprendre à la base. Par définition notre cheval est difficile. Son terrain mental n’est pas vierge. Il a développé des réflexes d’opposition qu’il s’agit de déprogrammer pour les remplacer peu à peu par d’autres, d’acceptation. Il ne s’agit pas de dresser, mais de redresser, ce qui est plus laborieux. La rééducation est une entreprise de longue haleine. Il faudra reprendre les choses à la base, démonter des mécanismes pervers, reconstruire une relation dégradée, faire preuve de patience et de compréhension, développer des compétences, travailler son propre ego. L’expérience est très formatrice et source de dépassement de soi-même, mais c’est un engagement, un cycle à part entière. Est-on prêt à aller jusqu’au bout de notre démarche, surtout avec ce cheval qu’on ne sent pas, qui refuse notre amitié et nous cause bien des déboires ? L’expérience m’a montré qu’il est difficile de faire du bon travail avec un cheval pour lequel on n’éprouve pas une certaine tendresse.